Aujourd'hui, j'ai décidé de quitter définitivement Facebook. Oui, j'ai
quitté le navire, parce que je pense que Facebook rend con.
De très nombreuses raisons sont à l'origine de cette décision que certains s'empresseront de qualifier de radicale, et je vais m'efforcer de les exprimer le plus clairement possible dans les lignes suivantes.
De très nombreuses raisons sont à l'origine de cette décision que certains s'empresseront de qualifier de radicale, et je vais m'efforcer de les exprimer le plus clairement possible dans les lignes suivantes.
« Le contraire de la prohibition, c'est la liberté, alors
que le contraire de l'abolition, c'est l'esclavage. » Robert
Neel Proctor, Golden Holocaust
L'origine
de mon aversion pour Facebook remonte au temps de mon inscription, en
2009. Déjà à l'époque, quand j'étais en fin de 3ème, je
ressentais un profond dégoût face au narcissisme exacerbé, et je
me souciais déjà de mon e-réputation. Au début, Facebook c'était
sympa, on avait relativement peu d'amis, on scrollait (anglicisme
volontaire, « scroll » signifie dérouler) tranquillement
en reluquant les photos de nos amis, en lisant les divers statuts
(souvent inutiles) qui apparaissaient au hasard de la navigation…
Puis, au fur et à mesure, Facebook est comme devenu plus « mature ».
Mes amis, avec l'âge, ont tous, ou presque, arrêté de publier des
statuts inutiles, ont stoppé la publication de photos
compromettantes, et ont commencé à utiliser Facebook
« différemment ».
Mais
aujourd'hui Facebook a beaucoup évolué. C'est devenu tout… et
rien à la fois. En se connectant, on ne sait pas si
on va tomber sur le selfie d'un énième pote narcissique, sur
la photo d'une assiette bien garnie, sur un statut de carjack encore
une fois inutile, sur une vidéo Vine qui a 100k mentions j'aime, sur
machin qui a changé sa photo de couv', sur truc-muche qui participe
à telle ou telle soirée, sur tel ou tel connard qui tag un autre de
ses potes connards, ou même sur un article super intéressant de
votre journal préféré. C'est la foire-fouille de l'information, le
désordre, le capharnaüm, le foutoir.
Premièrement,
les actualités que vous voyez sur votre mur dépendent du temps que
vous passez à le dérouler. Les algorithmes de Facebook, ceux qui
déterminent les informations du fil d'actualité en tout cas,
prennent en compte le temps que vous passez à le dérouler en
moyenne, le temps sur lesquelles vous restez longtemps pour les lire
– l'actualité va alors être stocké pour dessiner des tendances,
afin de mieux vous connaître – vos affinités avec certaines
personnes plus que d'autres – celles dont vous regardez le plus le
profil, avec qui ceux vous parlez le plus, etc. -, les pages que vous
suivez le plus, etc. Néanmoins, l'actualité suivante reste toujours
inattendue, mais comme on suppose qu'on ne peut en aucun cas manquer
l'actualité suivante, on continue de scroller comme si c'était une
drogue.
Ces
tonnes d'informations illustrent notre intérêt grandissant pour
l'insignifiance, la distraction futile ; ces informations
superficielles deviennent le point central de notre existence ;
pour preuve, parler de facebook et de ce qui s'y passe devient banal…
Une fille faisant partie d'un groupe social dont les sujets de
discussion tournent principalement autour de Facebook, aura davantage
tendance à descendre son fil d'actualité, afin d'être plus à même
de discuter de Facebook et ce qui s'y passe. L'effort surhumain
nécessaire pour arrêter ce scroll apparemment sans fin relève d'un
courage intellectuel dont peu de personnes disposent. Je me suis
surpris moi-même à scroller pendant plus de 15min. Quand j'observe
certains de mes semblables, j'ai peur de connaître leur record.
Et
alors ? N'a-t-on plus le droit de se rapprocher de son cercle
social, de vouloir s'intéresser à la vie et aux intérêts de ses
amis ?
Si,
vous avez le droit. Mais à vos risques et périls. Vous et votre
cercle d'amis représentez une micro-société, et sur Facebook
autant de micro-sociétés que d'inscrits existent. Les personnes
ayant le plus de likes sur leur photo de profil sont populaires dans
leur micro-société, on peut donc les appeler micro-célébrités.
Vous êtes célèbre, votre grand nombre de likes sur votre photo de
profil satisfait votre égo, vous êtes content d’être vous-mêmes,
mais tout cela n'est qu'une illusion. Ça n'est pas ce grand nombre
de likes qui fera que vous êtes apprécié des autres. Lorsque vous
arrivez dans un nouveau cercle d'amis par exemple, ceux-ci auront une
meilleure appréhension de vous si vous avez beaucoup de likes sur
votre photo de profil, avec cette information ils seront plus enclins
à supposer que vous êtes sociables, de bonne compagnie. Autrement,
un « bon profil » vous permet de
charmer plus facilement une éventuelle conquête, si et
seulement si celle-ci donne de la crédibilité aux informations
qu'elle trouvera sur votre profil.
De
plus, scroller votre mur perturbe grandement, surtout à long terme,
le fonctionnement de votre cerveau. Notre cerveau n'est pas fait pour
assimiler des centaines et des centaines d'information par jour, qui
plus est si ces informations ne sont pas de la connaissance profonde.
Nous devenons des consommateurs irréfléchis de données, notre
attention s'éparpille à mesure que les liens, les publicités, les
informations s'accumulent. En effet, notre cerveau, lui doté d'une
mémoire incroyable, est capable de se souvenir d'une quantité
astronomique d'informations, plus ou moins selon les capacités
mémorielles de chacun (et la mémoire, ça se travaille). C'est Ã
dire que, à la fin de votre journée, pendant laquelle vous avez
passé 3 heures sur Facebook, votre cerveau a accumulé un très
grand nombre d'informations, mais seulement une petite fraction de
celles-ci ont été réellement utiles à l'élévation de votre
niveau de culture et d'intelligence, et surtout de votre conscience,
et de surcroît, seulement une partie de celles-ci a été retenu par
votre mémoire à long terme. Facebook ne permet pas (encore) de
sélectionner méticuleusement ce sur quoi l'on va tomber quand on
déroule le mur d'actualité, et donc, de facto, grâce aux milliers
d'algorithmes travaillant sans cesse afin de vous sélectionner les
informations les plus pertinentes selon toutes sortes d'analyses de
données, Facebook fait tout pour vous garder le plus longtemps
possible sur son site. On ne pourrait pas leur en vouloir, si ceci ne
représentait pas de danger pour les milliards de cerveaux que nous
sommes. Or, il est logique de penser que, si l'on multiplie le nombre
d'informations auxquelles nous sommes confrontées, de plus si nous
nous concentrons que quelques secondes sur celles-ci, notre capacité
de concentration en pâtira de manière vertigineuse. Cela joue sur
notre comportement au quotidien : on accumule des informations
inutiles, on développe un « jmen-foutisme » généralisé,
où plus grand-chose n'est vraiment important. Et cela ne vaut pas
uniquement pour Facebook, mais aussi pour toutes les activités liées
aux smartphones et à l'Internet qui nous distraient brièvement ;
nous sommes entrés dans l'ère du divertissement momentané.
Aujourd'hui, je le constate non seulement sur les autres mais sur
moi-même, que j'ai du mal à me concentrer plus de quelques minutes
sans interruption. Avant l'arrivée de la technologie, nos ancêtres
étaient bien plus productifs et leurs mémoires plus efficaces
qu'avant ; ils n'étaient pas submergés d'information, ils
étaient capables de la sélectionner, et n'avaient d'autres choix
que de se concentrer longtemps sur une seule activité à la fois.
Aujourd'hui, tout a changé, notre apparente capacité humaine 2.0 de
multi-taskers (anglicisme=multi-tâches) cache en réalité une
détérioration progressive de notre aptitude à nous concentrer
longtemps sur une seule chose.
Dernièrement,
je présenterai une critique de Facebook d'un point de vue
sociologique.
Facebook,
c'est un lieu où chaque individu se crée un « profil »
correspondant à sa vitrine sociale, chaque personne se conforme Ã
l'idée de mettre une photo de lui sous son plus beau jour, ceci dans
le but de séduire au mieux lors
d'une éventuelle visite sur ce profil. Certains, piégés
dans la spirale de l'égo, ceux qui revivent de manière moderne
l'histoire de Narcisse, se sentent très à leurs aises dans cet
environnement en ligne ; il leur permet de publier dès qu'ils
le veulent un selfie d'eux-mêmes, à la gloire d'eux-mêmes. Puis il
y a le « groufie » (bonjour Snapchat), le selfie en
groupe, ou chacun consent à exposer aux autres micro-sociétés
constituant Facebook que, à défaut de vouloir vous montrer que
leurs vies sont mieux que la vôtre, ils veulent se persuader
eux-mêmes que leurs vies sont géniales. Une simple publication
photographique sur Facebook peut toucher l'égo d'une personne au
plus profond d'elle-même ; on peut aisément imaginer qu'un
individu totalement dépourvu de confiance en soi éprouverait un
sentiment encore plus grand d'isolement social lors de l'observation
de toutes ces photos de « groufie », et noterait son
nombre de likes substantiellement inférieur à ceux de tous ses
amis. Non seulement Facebook est un lieu d'exhibition narcissique,
mais c'est aussi un lieu d'humiliation (involontaire la plupart du
temps) sociale, où tout un chacun est amené à ressentir de la
jalousie à la vue des publications d'autrui. Sur ce réseau social,
ceux qui brillent sont ceux qui se dévoilent. L'univers occidental
de la jeunesse est de plus en plus décrit-prescrit par ces réseaux
sociaux. Facebook, en quelques sortes, devient l'arbitre de l'accès
à l 'existence sociale. Je ne critique justement pas les gens
qui sont sur facebook, mais ce qu'ils y font. Ce n'est qu'une perte
de temps. On n'a pas besoin de photos ou de selfies pour être ou se
sentir heureux. À chacun sa propre définition du bonheur. Certaines
personnes ont besoin de cette superficialité pour se sentir exister,
et c’est bien dommage. Malgré cela, ce réseau social permet Ã
certains cerveaux malades de se rassurer et reprendre confiance en
elles. Est-ce vraiment un mal ?
Finalement,
je pense que Facebook n'est qu'un moyen moderne utilisé par les gens
pour pallier à leur manque d'interactions sociales – oui, vous
savez, cette chose qui vous rend heureux. On observe souvent, de nos
jours, deux amis face à face rivés chacun sur leur téléphone, sur
Facebook. Pourquoi ? Parce qu'ils considèrent qu'ils n'ont plus
rien de vraiment intéressant à se raconter, tout du moins rien
d'aussi intéressant comparé à ce qui peut se passer sur Facebook.
Le fait de sortir son téléphone en groupe pour aller sur le réseau
social illustre l'inhabilité de ces personnes à entretenir des
conversations assez longues capables de couvrir l'ennui amenant Ã
aller sur Facebook. Triste.
Facebook
fonctionne exclusivement sur la satisfaction personnelle. Sur la
flatterie de l'égo. Sur le paraître. Peu importe ce que vous
faites, ce que vous partagez, vous aurez beau vouloir bien faire,
avoir de bonnes intentions, c'est à dire partager une actualité
intelligente par exemple, un seul petit like sur celle-ci ne fera
rien d'autre que nourrir votre égo, votre ESTIME, vous vous sentirez
flatté dans votre façon de penser, mais rien d'autre. Le seul moyen
pour éviter ces flatteries pour l'égo est d'avoir un compte
Facebook ne vous représentant pas vous-mêmes, avec un pseudo
fictif, et aucune photo vous représentant, un compte anonyme en
somme. Imaginez-vous alors quel sentiment de satisfaction un fayot
partageant un selfie de lui recevant 200 likes peut éprouver. Ce
système de compliments incessant envers vous-mêmes est l'essence
même de la nature de Facebook. Ce modèle économique est basé sur
l’égo, c’est-à -dire sur du vide. Sans ça, Facebook ne serait
pas Facebook, et n'arriverait pas à vous garder aussi longtemps dans
ses murs.
C'est
le règne de l'éphémère, de l’occupation chronophage.
Cependant,
il existe une solution si vous souhaitez garder contact avec tous vos
amis facebook, mais que vous ne voulez pas de mur d'actualité.
Installez l'extension de navigateur Stylish, et installez ce style :
https://userstyles.org/styles/101805/quiet-facebook
Vous
aurez ainsi un facebook minimaliste, mais sans le mur d'actualités
si polluant pour votre temps et votre cerveau.
Ou sinon, vous pouvez toujours mettre de côté votre égo à chaque fois que vous faites quelque chose sur facedeplouc, ça marche aussi.
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RépondreSupprimerIl efface même les commentaires qui vont dans son sens... un véritable connard ! ^^
RépondreSupprimermais quel connard j'vous jure
Supprimer#MAJ: https://framablog.org/2017/01/23/si-on-laissait-tomber-facebook/